Fin février, le troisième rendez-vous de la Paris Fashion Week s’est achevé. Après les collections homme et haute couture, les nouvelles tendances du prêt-à-porter féminin, les collections pour automne hiver 2024 et 2025 ont été révélées au grand public.
Alors que près de 208 créateurs ont présenté leurs collections aux quatre coins de la capitale française, un net retour à l’essence même des maisons s’est fait sentir. Depuis près de deux ans, le minimalisme de la quiet luxury était la ligne directrice de nombre de collections, mais pour cette saison automne hiver 2024-2025, les plus grands créateurs se sont inspirés des créateurs originels des plus grandes maisons de couture.
Anthony Vacarello s’est inspiré du décor de la maison mère, Yves Saint-Laurent, pour créer une ambiance intimiste lors de son défilé, ou encore Maria Grazia Chiuri qui remet au goût du jour, l’imprimé léopard, emblématique de la maison Dior.
Défilé pluvieux, défilé heureux, la Fashion Week féminine s’est déroulée sous un ciel parisien capricieux. Les parapluies étaient de sortie et l’on ne préfère pas penser aux courageuses comme Lara Cosmo, qui se sont présenté aux défilés, dans des robes somptueuses, mais découvertes !
N’ayant pas été invité, bien entendu, je n’ai pu avoir le plaisir d’observer les créations des créateurs que sur les invités se rendant aux shows. Déjà, j’étais au bon endroit, au bon moment, me direz-vous. L’expérience ! Rendez-vous bientôt, pour un nouvel article, vous indiquant mes bons plans et enseignements, pour être aux shows.
Heureusement, il est toujours possible de recevoir un rapport complet des grandes rédactions, concernant les collections présentées. Et cette année, le constat est clair : plus de minimaliste à outrance, retour aux sources.
Chanel, hommage à Deauville
La maison française a fait l’événement en proposant tout d’abord un film promotionnel, en noir et blanc, où deux grands noms se donnaient la réplique : Brad Pitt et Penélope Cruz. Dans une ambiance de film romantique français et sur la musique du film un Homme et une Femme, le couple de fiction partage un moment, dans un restaurant, dans une voiture, le sac emblématique de la marque toujours au premier plan.

Photo Vogue
Deauville, ville où Gabrielle Chanel ouvre sa première boutique de mode et est en passe de révolutionner le monde de la mode. Ayant déjà ouvert une boutique de chapeau, elle commence par proposer de grands chapeaux et habille les femmes de vêtements pratiques et élégants, pour la plage. Le succès est immédiat et il n’aura d’égal que son talent.
Pour sa collection féminine, 2024-2025, Virginie Viard, a donc repris les codes des premières créations de Coco Chanel, coiffant ses modèles d’immenses chapeaux et faisant défiler ses mannequins sur des planches en bois, rappelant les promenades de bords de mer.
Le tweed, emblème de la marque, a également été repris sur de nombreuses silhouettes, offrant une allure élégante et rétro aux modèles, les portant. Les ensembles, shorts et veste ainsi que les jupes ou manteaux longs et vaporeux furent omniprésents. Concernant les couleurs, une palette restreinte de tons neutres, noir, bleu, marron et beige, ont côtoyé des teintes plus chatoyantes, comme le rose ou le parme, ajoutant une touche de romantisme à l’esthétique générale du défilé.

Photo Vogue / Umberto Fratin
Saint Laurent et la transparence
C’est dans une ambiance feutrée et confortable, en effet les invités étaient installés sur des canapés, qu’Anthony Vacarello a présenté ses créations pour la saison automne hiver.
Le show étonne et fascine par l’utilisation de tissus légers et transparents, les modèles semblaient recouvertes de tissus voilage à la limite du collant. Les coupes sont près du corps, les jupes droites, soulignant les formes des mannequins. Les blouses sont transparentes et drapées, rappelant les premières créations du père fondateur de la maison.
En effet, dès le début de sa carrière, le créateur français a voulu marquer les esprits en utilisant des matières fluides et légères pour ses créations comme la dentelle, la mousseline ou encore le tulle. Il est novateur dans sa présentation des collections sur ses mannequins, voulant donner aux femmes le contrôle de leur corps et leur permettant de se sentir libres dans ses créations audacieuses. Dès les années 60, Yves Saint-Laurent, fait la une des magazines en proposant des blouses et des robes en mousseline noire, transparentes.

Photographie de Jeanloup Sieff
Il propose ainsi au public des créations osées, mais tout en gardant une part d’élégance et de mystère aussi bien dans les coupes vaporeuses, que dans l’utilisation des transparences.
S’inspirant donc des travaux d’Yves Saint-Laurent, Anthony Vacarello a présenté une collection tout en subtilité et transparence, habillant pour la première fois certains de ses modèles de sacs, portés sous le bras, nonchalamment.
En ce qui concerne les couleurs, le créateur a aussi respecté la sobriété des créations de Saint-Laurent, en proposant une palette nude, composée majoritairement de beige, de marron ou encore de noir, à la limite entre transparence et couleur de peau.
De gros manteaux en fourrure, nous rappellent que les créations présentées sont pour la saison hivernale et l’utilisation des accessoires est restée assez minimale : tous les modèles portaient des petits couvre-chefs dans un tissu léger. De nombreux modèles ont arboré de gros bijoux dorés, tous ces accessoires donnant un aspect rétro à la collection ; tout comme dans les coupes des blazers et autres manteaux.

Photo Vogue / Alessandro Lucion
Courrège et le blanc
Le ton est donné dès les premières images du lieu, le blanc est omniprésent, une décoration minimaliste pour mettre en avant les créations du designer Di Felice : hommage au créateur de la maison André Courrège.
Dès le début de sa carrière en tant que créateur et la fondation de sa maison de couture, avec sa femme Coqueline, Courrège a fait du blanc sa couleur fétiche.
L’ambition première du couturier était de débarrasser les femmes de la rigueur des corsets et autres vêtements encombrants. C’est lui, qui le premier chaussa ses mannequins de bottes plates et blanches, permettant aux femmes d’effectuer leurs tâches du quotidien avec style et facilité.
Novateur dans les coupes et les longueurs, il fut le précurseur de la mini-jupe et aime à présenter lui aussi ses collections dans un environnement pur et blanc. Ses créations sont anticonformistes, et même futuristes, mais gagneront rapidement le cœur des jeunes femmes des années 60, à la recherche d’une mode originale et singulière.

Photo franceinfo
C’est empreint de cet héritage que le directeur artistique de la maison Courrège, Nicolas Di Felice a voulu une collection originale et minimaliste.
Les modèles portent des créations aux coupes simples et près du corps, mais de nombreux détails rendent les vêtements originaux : des plumes légères recouvrent çà et là les robes transparentes. Les cols des robes se retrouvent aussi bien sur le bas de ces dernières et les manches ne sont plus là qu’en tant qu’accessoire pour couvrir les bras des modèles.
Même si des couleurs très tranchées comme le noir et le denim sont largement représentées, de nombreux modèles ont porté des créations totalement blanches, comme le faisait André Courrège lorsqu’il a créé la marque du même nom.

Photo Courrège
Les directeurs artistiques des plus grandes maisons du luxe, ont voulu opter pour un retour aux sources pour leurs collections automne hiver 2024-2025. Les coupes ont un côté rétro et le message transposé est bien celui clamé haut et fort par les créateurs de ces maisons.
L’ambiance générale est une libération du corps de la femme, par des coupes fluides et des transparences osées, voulues et revendiquées par des créateurs comme Coco Chanel ou Yves Saint-Laurent à l’époque.
Les tendances pour la saison à venir sont posées et toutes les fashionistas ont les yeux rivés sur les créations, qui donneront le la pour l’hiver. La maison Courrège a fait sensation avec son Holy Bag, qui sera à coup sûr le It Bag sous peu.